Cap sur l’innovation durable : une boussole pour guider l’Union Européenne vers un avenir décarboné et compétitif
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« Une boussole de l’UE pour regagner en compétitivité et garantir une prospérité durable » : publiée le 29 janvier 2025, cette stratégie ambitionne d’esquisser les priorités de la Commission européenne pour les cinq prochaines années. Cette feuille de route s’inscrit dans le prolongement du rapport de Mario Draghi sur la compétitivité européenne, paru en septembre dernier. Elle reprend les recommandations formulées par l’ancien Président de la Banque Centrale Européenne et met en exergue trois « impératifs de transformation » pour l’Union Européenne :
- Combler l’écart en matière d’innovation : L’UE est encouragée à relancer un cycle vertueux d’innovation en soutenant les start-ups, en permettant l’expansion des entreprises, en améliorant l’accès au capital-risque et en favorisant la collaboration entre les universités et les entreprises. Dans cette optique, l’investissement en recherche et développement, le soutien aux technologies de pointe et une meilleure implémentation de l’innovation dans l’économie sont présentées comme essentielles pour rendre l’Union européenne davantage innovante.
- Une feuille de route conjointe pour la décarbonation et la compétitivité : L’UE doit résoudre la problématique du coût et de la volatilité de l’énergie, accélérer la transition énergétique bas-carbone et promouvoir des modèles commerciaux circulaires. Ces préconisations impliquent de créer un cadre propice à la production décarbonée, d’accompagner les secteurs énergo-intensifs dans leur processus de transition et de promouvoir des transports durables.
- Réduire les dépendances excessives et renforcer la sécurité : L’UE doit intégrer les considérations sécuritaires dans ses politiques économiques, réduire les dépendances vis-à-vis de fournisseurs en situation de monopole et traiter la concurrence déloyale. La diversification des chaînes d’approvisionnement, le développement de partenariats, l’utilisation des instruments de défense commerciale et le renforcement de l’industrie de la défense pourraient permettre de diminuer ces vulnérabilités.
Ce plan traitant conjointement des défis de la décarbonation et de la compétitivité a vocation à poser les jalons d’une future économie européenne décarbonée d’ici 2050. L’alignement des objectifs et politiques économiques et climatiques pourrait stimuler la compétitivité, et ainsi offrir davantage de certitudes et prévisibilité aux entreprises et aux investisseurs. En intégrant les politiques de décarbonation aux politiques industrielles, économiques, et commerciales, l’Europe peut renforcer sa position de leader dans les secteurs de la production décarbonée et des modèles économiques circulaires. Dans cette perspective, l’ambition du prochain Clean Industrial Deal est simple : maintenir l’UE comme un lieu attractif pour la fabrication, y compris pour les industries énergo-intensives.
L’UE doit aussi résoudre la problématique des coûts et de la volatilité de l’énergie, qui pénalisent entreprises et ménages européens. Cette situation est en partie causée par la dépendance de l’Europe aux importations de combustibles fossiles, exacerbée depuis 2022 et le conflit russo-ukrainien. Pour tendre vers une autonomie énergétique, l’UE doit accélérer sa transition énergétique bas-carbone, en promouvant l’électrification et en réduisant les inefficacités du marché de l’énergie. Le futur plan d’action sur l’énergie (prévu pour 2026) doit permettre d’appréhender ces défis en facilitant l’accès à une énergie à faible coût et en modernisant les infrastructures de transmission et de stockage.
Afin de favoriser la production décarbonée et circulaire, l’UE veut créer des marchés de prédilection et des politiques incitatives pour récompenser les premiers à initier ces transformations (« reward early movers »). Pour ce faire, des mesures encourageant la demande de produits à faibles émissions de carbone ainsi que des incitations financières et des contrats à long terme seront mis en place. La Commission européenne instaurera également un cadre d’aides d’État flexible et simplifié pour soutenir les industries dans leur transition, tout en veillant à éviter les distorsions de marché. Des plans d’action spécifiques sur des secteurs clés comme l’acier et la chimie, particulièrement vulnérables pendant cette transition, seront élaborés pour répondre à leurs besoins d’investissement.
Pour garantir la compétitivité du secteur automobile européen, un dialogue stratégique a été lancé pour aborder les défis liés à l’innovation, la transition énergétique et la compétitivité mondiale. Des initiatives seront mises en place pour soutenir l’innovation dans les véhicules électriques et la recharge, tout en préservant des normes de CO2 ambitieuses. En outre, un plan d’investissement pour les transports durables visera à soutenir le développement d’infrastructures de recharge et la production de carburants bas-carbone.
Enfin, l’UE entend également valoriser l’économie circulaire, source de décarbonation et compétitivité. Le marché du reconditionnement, qui représente actuellement 31 milliards d’euros, pourrait atteindre 100 milliards d’ici 2030, ce qui induit la création de nouveaux emplois. Une réglementation sur l’économie circulaire est attendue pour encourager les investissements dans les infrastructures de recyclage et la substitution de matériaux vierges, tout en réduisant l’enfouissement et l’incinération des matières premières usagées. Ce cadre sera complété par des exigences d’éco-conception pour les produits essentiels, afin de soutenir la transition vers une économie circulaire et durable.
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