Projet SESAME

Trajectoire sociotechnique pour le stockage géologique onshore de CO₂ en France

Jusqu’ici, le développement limité de la capture et du stockage de carbone (CCS) reflète les limites des solutions techno-marketing pour convaincre de plus larges publics des bienfaits de cette technologie. Le stockage de CO₂ a été mis sur la place publique à un stade tardif de développement, et fut alors discuté à travers des projets spécifiques davantage qu’en tant que nouvelle technologie pour faire face au changement climatique. Si l’appui politique s’est accru via le financement de R&D et des roadmaps, le CSS n’a jamais vraiment été débattu publiquement comme une solution au changement climatique et était restreint au cercle des experts. 

La stratégie nationale française bas-carbone (SNBC), fraîchement révisée, fixe pour objectif 15 millions de tonnes de CO₂ captés et stockés par an à l’horizon 2050, une partie de ce volume étant susceptible d’être stocké on shore. Même si cet objectif chiffré reste modeste, il est d’ores et déjà anticipé que l’implémentation de projets de stockage de CO₂ va faire émergence beaucoup d’interrogations de la part des parties prenantes sociétales, sur les risques d’accident ou de dégradation de l’environnement, sur les nuisances associées, pouvant possiblement affecté la qualité de vie des résidents locaux, mais aussi sur l’utilité d’un projet spécifique dans le contexte de transition énergétique d’un territoire, et plus généralement sur la légitimité d’un tel choix technologique pour la France. Certaines de ces problématiques peuvent devenir des motifs d’oppositions et questionner sur ces objectifs peuvent être atteint. Le déploiement d’une technologie de stockage de CO₂ dans un environnement social donné doit en effet être questionné dans toutes ses dimensions : une dimension politique, en premier lieu, puisqu’il implique la décision de personnes élus ; une dimension économique, ensuite, car il a un impact sur l’emploi dans un territoire et est porté par des acteurs souhaitant créer de la valeur ; une dimension sociale, naturellement, du point de vue des citoyens et ONG devant être convaincus de la sécurité et l’utilité d’un site de stockage ; une dimension technique, puisque la faisabilité, l’opérationnalité et la sécurité de la technologie sur de longues périodes temporelles doivent être garanties, une dimension écologique, son impact devant être contrôlé, une dimension juridique, enfin, cette technologie s’inscrivant dans un cadre légal, le code minier, en cours de réforme, ainsi que le code environnemental. 

Dans ce contexte, au prisme de toutes ces observations préalables, les conditions les plus favorables au déploiement de cette technologie seront atteintes sur l’ensemble des parties prenantes sont associées le plus tôt possible, dès le stade des débats sur la technologie, son importance et pertinence dans le cadre socio-normatif français, puis au stade de la définition et réalisation de projets, tout particulièrement dans l’établissement des conditions de leur implémentation et leur gouvernance. 

L’objectif principal de ce projet de recherche est de proposer une méthodologie pour co-construire et implémenter avec les parties prenantes une roadmap technologique de stockage du CO₂. Une telle méthodologie sera fondée sur une analyse des conditions à respecter pour l’implémentation de projets, tout particulièrement onshore. Elle capitalisera sur des études de cas dans deux espaces géographiques dans lesquelles ces prospectives existent. 

Ce projet de recherche analysera et évaluera différents paramètres, de manière plus détaillée : les dimensions spatiotemporelles associées à un projet de stockage de CO₂ onshore, les conséquences de la future implémentation d’une technologie pour le moment essentiellement théorique en France, une compréhension du rôle, des compétences et responsabilités de chacun des acteurs dans le déploiement. Le dernier résultat attendu sera une proposition pour les prochaines étapes pour avancer dans le déploiement de cette technologie, avec la définition d’une mission d’information, consultation, co-construction et évaluation impliquant les parties prenantes (élus, associations, chercheurs, développeurs de projets, institutions) pour un projet de stockage onshore en France. Ce projet pourra capitaliser sur les nombreuses études sur les problématiques d’acceptabilité du stockage de CO₂ dans différents projets européens (Lacq, Ketsin, Barendrecht) pour fournir des informations pertinentes aux parties prenantes à partir d’expériences empiriques constatées. 

Une approche transdisciplinaire doit permettre d’éviter l’écueil d’approches technocentrées pour comprendre les barrières existantes et créer les conditions de déploiement les plus favorables au stockage de CO₂ en France. 

Durée de 5 ans – Budget de 1,3M€  

Attendus : 5 thèses – 1 post doc attendus – 8 mémoires scientifiques – 10 conférences 8 étudiants de Master 2

Le consortium

TREE (CNRS, Université de Pau, et des Pays de l’Adour), LP3C (Université Rennes 2, Sciences Po Bordeaux, Mines ParisTech), LOTERR (Université de Lorraine) DS (IFPEN, BRGM), INSU (CNRS).

Coordination


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